Les inégalités d’espérance de vie entre les catégories sociales se maintiennent

3 mars 2024

À 35 ans, un homme cadre supérieur a une espérance de vie de 49 ans, un ouvrier, de 43 ans, soit six ans d’écart. Chez les femmes, la différence est deux fois moindre.


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À 35 ans, un homme cadre peut espérer vivre jusqu’à 84 ans, contre 77,6 ans pour un ouvrier, selon l’Insee (donnée moyenne entre 2009 et 2013), soit plus de six ans d’écart. L’espérance de vie à 35 ans d’une femme cadre est de 53 ans (elle peut espérer vivre jusqu’à 88 ans) contre 49,8 ans pour une ouvrière (qui peut compter sur 84,8 années), soit trois années de différence.

Les inégalités entre milieux sociaux résultent d’un ensemble de facteurs. La qualité et l’accessibilité du système de soins jouent un rôle secondaire par rapport aux conditions et à la durée du travail, l’attention portée au corps, l’alimentation ou les modes de vie en général (consommation d’alcool ou de tabac, pratiques à risque). C’est en partie ce qui fait que l’espérance de vie des femmes ouvrières est supérieure même à celle des hommes cadres. La valorisation de l’endurance – en particulier chez les hommes dans les métiers physiques –, mais aussi les difficultés à s’arrêter de travailler sans risquer de perdre son emploi pendant la vie active, ont un impact sur la durée de vie des catégories les plus modestes.

Depuis les années 1970, l’espérance de vie à 35 ans a augmenté en moyenne de 5,5 ans pour les femmes et de 6,7 ans pour les hommes. Globalement, l’amélioration des conditions d’emploi et la baisse du temps de travail, la progression des niveaux de vie et l’élévation des qualifications ont joué favorablement. Cet allongement a profité autant aux catégories sociales favorisées qu’à celles qui le sont moins : au cours de la période, les écarts sont en effet restés stables.

À l’avenir, l’extension de la couverture maladie, et surtout l’attention croissante portée dans notre société à la santé, de l’alimentation à l’hygiène en passant par la réduction de la consommation de tabac ou d’alcool [1] vont dans le bon sens. Mais la remise en cause des progrès en matière de temps de travail et la faible prise en compte de la pénibilité dans les droits à la retraite jouent inversement. Des progrès seraient possibles pourtant, notamment en agissant sur la durée passée au travail dans les professions les plus pénibles physiquement (industrie, bâtiment et travaux publics notamment), ainsi que sur les conditions du travail lui-même.

L’espérance de vie en bonne santé

Chez les hommes, l’écart d’espérance de vie à 35 ans sans incapacité entre cadres supérieurs et ouvriers est encore plus grand que l’écart d’espérance de vie global. Ainsi, l’espérance de vie à 35 ans des cadres sans problèmes sensoriels et physiques est de 34 ans, contre 24 ans chez les ouvriers, soit un écart de 10 ans. Non seulement les cadres vivent plus longtemps, mais aussi en meilleure santé. Ils bénéficient donc de retraites beaucoup plus élevées, mais aussi plus longues.

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